
Depuis la saison dernière, les cours de yoga sont assurés par Brigitte Guerroué. Afin de mieux connaître cette intervenante, nous la retrouvons à la MJC, bien loin du fourmillement habituel. Autour d'un thé, elle nous partage son parcours et la manière dont elle aborde sa pratique. Portrait d'une yogi pontaveniste...
Une longue histoire
Ce sont les premiers mots qu'elle nous dit : entre elle et le yoga, c'est une longue histoire !
Elle commence dans sa vingtaine, emmenée par une amie de Pont-Aven. Déjà intéressée par le corps humain - elle a un temps pensé aux
études de kinésithérapie - elle y découvre une conscience corporelle qui peut parfois, jeune, être un peu confuse.
Depuis ce premier cours, elle ne s'arrêtera jamais d'avoir une pratique régulière : une manière de faire une parenthèse, de prendre une pause. Car cette mère de trois enfants a par ailleurs une vie professionnelle bien intense dans la restauration : pendant douze ans, elle tient une crêperie, d'abord à Moëlan-sur-Mer, en couple, puis seule à Rosporden, de 2010 à 2021.
Et puis, en 2020, poussée notamment par ses enfants, elle se lance et d'inscrit dans une formation. Son intention alors n'est pas d'en faire son métier, mais toujours pour aller plus loin dans sa pratique personnelle et dans la connaissance du yoga. C'est en cherchant un rythme compatible avec ses contraintes professionnelles qu'elle découvre l'Ashram de Neuville aux Bois, à côté d'Orléans, dans lequel les swamis, les nonnes, dispensent en France l'enseignement du Maître Sivananda, enseigné dans le monde entier. Mais arrive alors la pandémie de COVID, qui reporte la formation à décembre 2020, avec les conditions du moment, qui obligent les participants à vivre pleinement leur retraite en communauté, sans possibilité de sortie.
de la formation à la transmission
Cette première formation lui permet de vivre une expérience intense dans la pratique des postures, et aussi une approche spirituelle amenée par le chant et la méditation.
Au sortir de la formation, la vie lui fait prendre un nouveau détour, avec le diagnostic d'un cancer du sein. Pendant tout son traitement, elle n'arrête pas la pratique, et continue seule, à son rythme. Après une longue période d'inactivité de sa crêperie, due à la pandémie et à sa maladie, elle décide de ne pas reprendre son activité de restauratrice et de vendre son établissement.
C'est alors que l'enseignant de l'École de Yoga de Pont-Aven, où elle pratique, décide d'arrêter cette activité et lui demande de reprendre ses cours, elle l'a d'ailleurs déjà remplacé ponctuellement. De même, il en touche un mot à la directrice de la MJC de Trégunc.
À peine sortie de sa maladie, s'interrogeant sur le moment où cela arrive dans son parcours, elle hésite un instant, mais après cette année de transition en 2022, poussée par son désir de transmission - qui fait partie pour elle de la pratique - elle accepte. Pour partager ce que le yoga lui a apporté, et notamment dans sa manière de traverser la maladie. Apprendre à lâcher prise dans l'acceptation de ce qui est, conscience du souffle, de son corps et de ses ressources.
une pratique contemporaine, inspirée de différentes approches
C'est aussi en cela qu'elle relie son expérience et le succès actuel du yoga : une population plus vieillissante, assez sédentaire, qui fait naître d'une part un besoin de bouger son corps, et le stress d'une vie quotidienne, la nécessité de s'offrir une pause, une parenthèse.
Elle intègre d'ailleurs systématiquement un moment de méditation dans ses cours, afin de permettre aux participants de se centrer sur le moment présent, et de tenter - selon les Yoga Sutra de Pantanjali (texte fondateur millénaire) - « d'arrêter les fluctuations mentales ».
Pour approfondire ses connaissances, elle a également suivi, en 2021, une formation en ligne du Docteur et Professeur de yoga Lionel Coudron (Institut de Yogathérapie) sur l'anatomie liée aux postures de yoga, et participe à des stages et ateliers de perfectionnement.
des cours ouverts à tous
Les cours de yoga sont ouverts à tous, chacun pratique avec ses possibilités, sans compétition en travaillant sur l'intériorisation, le souffle et l'écoute de son corps en le respectant. Un des principes du Yoga étant Ahimsa, non-violence, ne pas nuire ni à soi ni aux autres.
D'ailleurs, dans ses cours, on retrouve toute sorte de public. Des personnes retraitées bien sûr, mais aussi des jeunes, des femmes et quelques hommes, des personnes expérimentées et des novices. Un cours dure une heure et demi - afin d'avoir le temps d'entrer et de sortir de la parenthèse - en petits groupes de huit à quinze personnes. Chacun (adultes) peut venir selon ses possibilités, sans classement par niveaux, et adapter son planning à ses disponibilités.
Avec douceur et détermination, Brigitte conclue cet entretien sur l'importance pour elle de considérer le yoga comme un chemin vers une meilleure connaissance corporelle et de soi en général, mais aussi une manière de vivre au quotidien, ne pas se disperser, avoir une intention consciente de bien faire.
Accompagner les autres, à partir de sa propre expérience, à travers l'exploration de leurs ressources dans leur épanouissement... Et si, sans effet de manche ou de marketing, c'était bien une éducation populaire au yoga que Brigitte nous proposait ?